Mon Corps, ta Voix et sa Pensée

(Il mio Corpo, la tua Voce e il suo Pensiero)


Accoglienza


Dedica del poeta Jean Sénac.





per Kaddour Naimi,
in ricordo dei grandi
momenti di luce che
ci ha dati, questi
         CITTADINI DI BELLEZZA
dove ritroverà
il grido ed il sole
del suo amico
Jean Sénac
Algeri, 13.1.69

I tre membri della compagnia non potendo spostarsi insieme, un estratto dell'opera fu presentato dal solo K. Naimi, nel 1970, a Dourdan (Francia), agli Rencontres Internationales sur le Théâtre de Recherche (Incontri internazionali sul teatro di ricerca). Tra i presenti c'erano Bob Wilson, regista teatrale di New York, e Joseph Kantor, direttore del Teatro di Cracovia (Polonia).

Stampa

Traduzione


Teatro in strada

E per un colpo di prova, fu – quasi – un colpo di maestro. (...) Un’esperienza teatrale che esce dall’ordinario. (...) Un arte sbarazzato da ogni artificio, da ogni superfluo, che è al teatro ciò che la litote è nella letteratura e il Minimal Art è nella pittura o nella scultura (“Less is more”, meno è di più). (...) Altri spettatori, meno avvertiti, disturbati nelle loro abitudini, sconcertati dalla nuova forma di arte drammatica che proponeva loro, con “Il mio corpo, la tua voce e il suo pensiero”, il “Teatro del Mare”, sulla scena-laboratorio del T.N.A. [Teatro Nazionale di Algeri] (...) Ogni impresa nuova porta con lei, con urti e stridii di denti, qualche volta il suo rosario d’incomprensioni. (...) C’è stato infine una terza categoria di spettatori che ebbe l’intelligenza, la preoccupazione o la presenza di spirito di guardare lo spettacolo con occhi nuovi, avendo potuto, il momento di sorpresa passato, sbarazzarsi (...) di molti nozioni acquisite fino qui. Furono i più felici. Molti di loro sono tornati 2, anche 3 volte di seguito, assaporare la stessa opera. (...)

Original

Théâtre dans la rue


Et pour un coup d’essai, ce fut – presque – un coup de maître. (...) Une expérience théâtrale qui sort de l'ordinaire. (...) Un art débarassé de tout artifice, de tout superflu, qui est au théâtre ce que la litote est à la littérature et le Minimal Art à la peinture ou à la sculpture («Less is more»). (...) D'autres spectateurs, moins avertis, dérangés dans leurs habitudes et leur confort intellectuel, ont été désarçonnés par la nouvelle forme d’art dramatique que leur proposait, à travers «Mon Corps, ta Voix et sa Pensée», le Théâtre de la Mer sur la scène-laboratoire du T.N.A. (*) (...) Toute nouvelle entreprise draine avec elle, avec heurts et grincements de dents, parfois son chapelet d’incompréhension (...) Il y eut enfin une troisième catégorie de spectateurs qui eut l'intelligence, le souci ou la présence d’esprit de regarder le spectacle avec des yeux neufs, ayant pu, le moment de la surprise passé, «balancer» par-dessus bord – par-dessus scène, devrais-je dire - maintes notions acquises jusque-là. Ce furent les plus heureux. Beaucoup d’entre eux sont revenus 2, voire 3 fois, goûter la même pièce. (...) » Kamal Bendimerad, hebdomadaire Algérie-Actualités, 1969.

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   (*) Théâtre national d'Alger (Algérie)

Kamal Bendimerad
Settimanale Algérie-Actualités
Algeri, 1969


Stampa dettagliata (in francese)

Innovazioni

« Enfin nous avons même à Oran ce que je n'ai vu nulle part en Afrique du Nord, une expérience un peu à part qui est celle qu'effectuent actuellement les membres du “Jeune Théâtre de la mer” qui relève presque de la méthode du living théâtre, ce théâtre contestateur, ce théâtre qui demande un autre édifice, une autre façon de jouer ». Ould Abderrahmane dit Kaki, La République, 27-28 octobre 1968.

« “Le Jeune Théâtre de la Mer” à la recherche d'une nouvelle expression théâtrale. »
  « Dans la forme, le jeune metteur en scène qui reconnaît faire du théâtre expérimental, a utilisé une méthode relevant plus ou moins de recherche occidentale comme le « Living Theater » ou l'expérience Grotowski, refusant ainsi toute forme inhérente au théâtre classique. Mais si la première partie, qui n'est que mise en relief du corps et un hommage à l'esthétique corporelle, se rapproche directement de ce théâtre expérimental, la seconde est déjà une ébauche du théâtre où le dialogue prend le pas sur l'expression corporelle.
    Cette complémentarité entre les deux parties entraîne à dire que Naïmi, dont la pièce « MON CORPS, TA VOIX ET SA PENSÉE » est la première création, fait en quelque sorte du théâtre le laboratoire qui devrait nécessairement aboutir, avec le temps et l'expérience, à une forme plus élaborée du théâtre, à une expression théâtrale recherchant un dialogue direct et intime avec le public. »
   « Notre travail théâtral, dit-il notamment, est une tentative de synthèse pour que l'art théâtral soit l'expression de la vie, de la réalité, en présentant l’être total, global, dans des formes esthétiques correspondantes. Si l'esthétique de « MON CORPS, TA VOIX ET SA PENSÉE » paraît proche, toutes proportions gardées, de certaines recherches en cours en Europe, en Chine Populaire ou à Cuba, c'est pour une raison très simple : pour toutes, il s'agit de mettre ou remettre l’homme en contact avec l'homme (au théâtre, l'acteur et le spectateur). (…) Si pour le théâtre européen Living Theater, Grotowski, ajoute encore Naïmi, il s'agit de lutter et d'échapper à une « société de consommation » (terme mystifiant pour désigner la société capitaliste) dépersonnalisante et aliénante, pour nous Algériens, il s'agit de prévenir tout contre-coup du drame de ces sociétés sur notre option socialiste et de perpétuer les rapports sociaux directs entre individus. »
La République, 19 octobre 1968, article non signé.

« La nouvelle saison 1968 - 69 : LA REVOLUTION DANS LE THEATRE.
  «Des représentations originales, d'une conception tout à fait nouvelle en Algérie. En effet, c'est - à ma connaissance - la seule troupe algérienne qui, refusant les formes classiques de l'expression théâtrale, fasse du Théâtre de Laboratoire. Quelle initiative ! Beaucoup n'en sont pas encore revenus. Pour ma part, j'avoue avoir été assez sceptique lorsque j'ai eu vent de l'entreprise. Je pensai honnêtement n'avoir jamais affaire à une telle entreprise à Oran. Or, je viens d'assister à deux représentations de “MON CORPS, TA VOIX ET SA PENSEE” écrite et montée par le jeune Naïmi, dans cette forme, inconnue du public. Une forme basée sur la technique de l'acteur et relevant de la méthode du “Living” et du polonais Jerzy Grotowski. Rares sont ceux qui - après avoir vu le spectacle du “Jeune Théâtre de la Mer” - rejettent cette conception. » Noredine Khib, 
La République, 23.10.1968.

Shock

« Pourtant, en choisissant délibérément cette nouvelle expression théâtrale, Naïmi et sa troupe choquent. Ils bousculent les habitudes du spectateur. Contrairement à ce qui se passe au Théâtre, les comédiens jouent leurs scènes au milieu du public. Tout comme une “halka” dans une place publique. Les seules critiques adressées à Naïmi au cours des débats qu'il organise à l'issue de chaque soirée, touchaient le fond de “MON CORPS, TA VOIX ET SA PENSÉE”. Pour ma part, je crois que si l’œuvre présente quelques faiblesses, elle est pour l'auteur prétexte à l'introduction sur la scène algérienne de ce Théâtre expérimental. »  Noredine Khib, La République, 23.10.1968
   « Nous marcherions sur une terre
mouvante si nous nous amusions à définir ce genre de spectacle par rapport aux autres formes de théâtre connues ou à le comparer à elles. Ce qui nous a été présenté ne manque pas de hardiesse ni de recherche (…) Ce qui est à noter, dès à présent, c'est cette volonté de briser les cercles de gel et d'indifférence qui entourent notre théâtre (…) Comme toute entreprise nouvelle, la halqa (nous appellerons ainsi un arbitrairement le genre de « la troupe de la mer ») transposée au théâtre, est discutable. » Halim Mokdad, 
El Moudjahid, 11.1.1969.

    « En effet, idées nouvelles, formes nouvelles, conceptions nouvelles choquent aussi bien hommes de théâtre que comédiens et spectateurs, longtemps habitués à des spectacles « trop classiques » que Naïmi se propose de réformer actuellement.
   « On parle de réforme de l'enseignement, on parle de réforme agraire, de beaucoup d'autres réformes, pourquoi ne pas parler aussi de
réforme théâtrale ! » s'est-il écrié l'autre jour au cours d'un débat.
    Beaucoup de gens s'interrogent sur le but que voudrait atteindre « La Halga ». »
La République, propos recueillis par LARBI T., 3 avril 1969.


   « Une expérience théâtrale qui sort de l'ordinaire. (…) D'autres spectateurs, moins avertis, dérangés dans leurs habitudes et leur confort intellectuel, ont été désarçonnés par la nouvelle forme d’art dramatique que leur proposait, à travers « Mon Corps, ta Voix et sa Pensée », le Théâtre de la Mer sur la scène-laboratoire du T.N.A. (...) Toute nouvelle entreprise draine avec elle, avec heurts et grincements de dents, parfois son chapelet d’incompréhension (...)  Il y eut enfin une troisième catégorie de spectateurs qui eut l'intelligence, le souci ou la présence d’esprit de regarder le spectacle avec des yeux neufs, ayant pu, le moment de la surprise passé, « balancer » par-dessus bord - par-dessus scène, devrais-je dire - maintes notions acquises jusque-là. Ce furent les plus heureux. Beaucoup d’entre eux sont revenus 2, voire 3 fois, goûter la même pièce. » Kamal Bendimerad, hebdomadaire Algérie-Actualités, 1969.

Del pubblico

« Théâtre destiné exclusivement à des intellectuels, proclament déjà certains. Personnellement, j'en doute. Car il n'y pas de raison de penser à priori que si cette méthode - de laquelle s’inspire “Le Jeune Théâtre de la Mer” - est en Europe réservée à quelques initiés, il en sera ainsi pour l'expérience de Naïmi. C'est d'ailleurs son objectif : “avoir un dialogue direct et intime avec le public”. Mais quel public ? Celui, bien sûr, qui comprend “l'homme de la rue”, le non habitué à cet art qui reste, aux yeux de tous, un privilège. Et non à ces “intellectuels de salon” qui - quelle prétention - s'érigent en juges et décident, le plus souvent par snobisme, la consécration d'une œuvre ou d'une quelconque création artistique, sans tenir compte de la “Vox Populi”. Je souhaite que Naïmi ne s'y trompera pas. C'est à cette seule condition qu'il pourra contribuer à la vulgarisation du Théâtre, en le mettant à la portée de tous. Ce Théâtre pour lequel il semble vouer son corps, sa voix et sa pensée. » Noredine Khib, La République, 23.10. 1968.

« (…) transposer le théâtre de laboratoire sur la place publique et d'entreprendre des recherches sur le terrain avec l'accord, plus : la participation du public. »  Halim Mokdad, El Moudjahid , 11.1.1969.

« Naimi, le mentor de la troupe oranaise (...) n'a pas manqué de nous signaler pourtant, c'est le succès remporté par son groupe lors de son passage parmi les paysans de la région oranaise. Pour la plupart de ces derniers d'ailleurs, C'ETAIT LA PREMIERE FOIS QU'ILS ASSISTAIENT A UNE REPRESENTATION THEATRALE. De quoi surprendre ou faire rêver certains : pourtant, je pense, leur réceptivité s'explique aisément. Voilà des hommes, à l'esprit totalement vierge – sur le plan théâtral – confrontés à un art débarrassé de tout artifice, de tout superflu (...) » Kamal Bendimerad, hebdomadaire Algérie-Actualités, 1969. Les majuscules sont dans l'article.


    « QUESTION : Est-ce que le public a effectivement compris ce que vous lui proposiez ?

   NAIMI : Le vrai public, oui. Celui qui ne vient pas parler que pour les autres, le public qui sait se mettre en sympathie devant une proposition, celui-là, malgré des critiques justes, a compris le but de ce travail : la recherche, sans compromis aucun, d'une forme théâtrale qui soit familière et qui deviendra familière au public algérien parce que partant d'analyses sociales et historiques précises. » Interview recueillie par Halim Mokdad, El Moudjahid , 25.1.1969.