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PUBLICATIONS
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Extraits de textes à lire en entier.
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Buffon « Rien
n'est plus opposé au beau naturel que la peine qu'on se donne pour
exprimer des choses ordinaires
ou communes d'une manière singulière ou pompeuse
;
rien ne dégrade
plus l'écrivain. Loin de l'admirer, on le plaint d'avoir passer tant
de temps à faire de nouvelles
combinaisons de syllabes, pour ne dire que ce que tout
le monde dit. Ce défaut est celui des esprits cultivés mais
stériles
;
ils ont des mots en abondance, point d'idées ;
ils travaillent donc sur les mots,
et s'imaginent avoir combiné des idées,
parce qu'ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré
le langage quand ils l'ont corrompu
en détournant les acceptions. Ces écrivains n'ont point de style,
ou, si l'on veut, ils n'en ont que l'ombre.
Le style doit graver des pensées:
ils ne savent que tracer des paroles. »
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Guy
de Maupassant
« Les
mots ont une âme.
La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent
qu'un sens. Il faut trouver cette âme qui apparaît au contact
d'autres mots, qui éclate et éclaire certains livres d'une lumière
inconnue, bien difficile à faire jaillir. Il y dans les
rapprochements et combinaisons de la langue écrite par certains
hommes toute l'évocation d'un monde poétique que le peuple des
mondains
ne sait plus apercevoir ni deviner. (...) Autant parler musique à
des gens qui n'ont pas d'oreilles. (…) Flaubert fut torturé
toute sa vie par la poursuite de cette insaisissable perfection.
Il avait une conception du style qui lui faisait enfermer dans ce mot
toutes les qualités qui fondent en même temps un penseur
et un écrivain.
(…) il croyait au style,
c'est-à-dire à une manière unique, absolue d'exprimer une chose en
toute sa couleur et son intensité. (…) Une phrase est viable,
disait-il, quand elle correspond à toutes les nécessités de la
respiration.
Je sais qu'elle est bonne lorsqu'elle peut être lue
tout haut. Les phrases mal écrites (…) ne résistent pas à cette
épreuve. Elles oppressent la poitrine, gênent les battements
du cœur et se trouvent ainsi hors des conditions de la vie. »
Chroniques,
Chronique sur Flaubert, partie 1.
Flaubert
déclamait systématiquement ce qu'il écrivait, dans une petite
chambre qu'il appelait son « gueuloir ».
Encore
ceci, dans le même article :
« Dans le vers, disait-il, le poète possède des règles fixes, il a la mesure, la césure, la rime, et une quantité d'indications pratiques, toute une science du métier. Dans la prose, il faut un sentiment profond du rythme, rythme fuyant, sans règles, sans certitude. Il faut des qualités innées et, aussi, une puissance de raisonnement, un sens pratique, un sens artiste infiniment plus subtil, plus aigu pour changer à tout instant le mouvement, la couleur, le son du style, suivant les choses qu'on veut dire. Quand on sait manier cette chose fluide, la prose française, quand on sait la valeur exacte des mots, et quand on sait modifier cette valeur selon la place qu'on leur donne, quand on sait attirer tout l’intérêt d'une page sur une ligne, mettre une idée en relief entre cent autres, uniquement par le choix et la position des termes qui l'expriment, quand on sait frapper avec un mot, un seul mot, posé d'une certaine façon, comme on frapperait avec une arme, quand on sait bouleverser une âme, la remplir brusquement de joie ou de peur, d'enthousiasme, de chagrin ou de colère, rien qu'en faisant passer un adjectif sous l’œil du lecteur, on est vraiment un artiste, le supérieur des artistes, un vrai prosateur. » Kafka « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? (...) Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous ; voilà ce que je crois. » |
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Sur les fonctions de la littérature :
Lu Xun |
A signaler également :
- l'Art poétique d'Horace, puis, du même titre, celui de Boileau, en particulier le Chant premier, egalement Of semplicity and refinement in writing de David Hume (version française ici); - les correspondances d'écrivains de toutes les époques et pays : romanciers, poètes, essayistes. |